Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
Boulanger - le 28 février 2010, Muş, Kurdistan de Turquie
En février 2010, durant les vacances d'hiver de l'école de photographie SPEOS, Olivier entama un voyage dans l'Est de la Turquie. La plus grande partie du début de son séjour fut passée à Bingöl puis il fit un passage à Muş, un peu plus à l'Est.
Venant de Bingöl la veille, il découvrit la ville en faisant une grande moisson de photographies : portraits (la majorité), boutiques, restes arméniens. Il arriva en milieu de matinée dans un quartier en périphérie sur les hauteurs de la ville. Il entra dans une boulangerie et photographia les hommes qui y travaillaient. Voici un portrait de l'un d'entre eux.
Le visage occupe la presque totalité de l'image, tout en étant légèrement décentré vers la droite. Le jeune homme, aux yeux bruns et cheveux brun foncé sourit largement. Une légère barbe couvre le bas du visage. La mise au point est réalisée sur les yeux : tout l'arrière plan, le haut de ses vêtements sont flous.
C'est le type de portraits qu'Olivier a pratiqué durant sa scolarité : le visage occupant tout l'espace de l'image seul est net, tout autre élément est flou. Ce parti assez extrême a été une signature de son travail de portraitiste. Il a un peu atténué ce style vers la fin de sa carrière de photographe en prenant plus recul avec son sujet. Ce type de photographie devait être difficile à pratiquer en raison de la collaboration active indispensable du sujet : la proximité corporelle qu'il impliquait entre le photographe et son modèle - certaines personnes ne peuvent le supporter - indispensable avec cet objectif de 50 mm de focale, une certaine immobilité car Olivier n'utilisait pas le flash avec une luminosité réduite (on est à l'intérieur). Ici, l'homme s'y est parfaitement prêté. Et le résultat traduit une réelle empathie entre eux.
Olivier a pris trois portraits à peu près identiques de ce boulanger, et c'était la deuxième prise (la première étant un petit peu trop sombre et la dernière entièrement centrée : peut-être Olivier aurait préféré cette image). Deux autres portraits ont suivi immédiatement ces trois premiers, mais là l'homme était mis en situation. Voici le premier de ces deux.
L'homme est pris de buste, complètement à droite de l'image cadrée horizontalement. Il est en face de sa table de pétrissage et sourit à Olivier, sans toutefois avoir le rire généreux de la photographie précédente. Il porte un gilet crème avec des motifs géométriques noirs. Le four, éteint, a sa porte coulissante ouverte. Le mur de carrelages carrés blancs est un peu abîmé.
Cette photographie correspond à l'autre style de portraits où le sujet est mis en situation. On y retrouve les caractéristiques de ce type, comme le décentrement, et surtout le thème du travail.
Cet homme apparaît aussi dans la photographie de groupe suivante.
C'est la première photographie qu'il a prise dans la boulangerie. Toute l'équipe est présente, alignée pour la prise de vue. Le boulanger de l'image de la semaine est le deuxième.
Cette image est aussi bien caractéristique du travail d'Olivier. Les personnes photographiées s'interrompent dans leurs occupations, Olivier n'a que très rarement pris des personnes qui explicitement ne montrent pas qu'elles savent être photographiées. Concrètement, il leur a parlé avant d'utiliser son appareil. Ici, c'est évident : tous les employés « posent » pour lui. Il y a mise en scène mais pas de comédie (ou rarement quand le modèle l'a voulu ainsi).
Voici maintenant la photographie de la boulangerie qu'Olivier a prise avant d'y pénétrer (il s'agit en fait de la deuxième prise de cet immeuble).
L'entrée arrondie de la boulangerie - le bâtiment en vert, en très mauvais état, au centre de l'image - fait le coin d'une rue au sol pavé et très humide. Tout à gauche, devant une maison en ruine, un porte rouleaux (de toiles cirées probablement) subsiste depuis un certain temps, avec des débris accumulés à l'arrière et en dessous. Une jeune fille en anorak rose regarde Olivier. Tout au fond de la rue, on aperçoit le sommet du minaret présenté la semaine précédente.
Cette photographie, par l'ambiance de tristesse et d'abandon, contraste avec la sérénité des hommes montrés ci-dessus. Mais elle est typique des paysages urbains photographiés par Olivier avec un chromatisme réduit et surtout ce thème de dégradation et d'abandon.
Aucune photographie de cette journée n'a été notée par Olivier et une première a été publiée la semaine précédente sur ce site. Mais une autre, de nuit, a été utilisée pour le catalogue Balade dans la nuit kurde.
Ces images pourraient figurer dans un catalogue sur Muş ou, aussi, faire partie d'une nouvelle exposition et de son catalogue Portraits du Kurdistan.
Image du 25 août 2025 - semaine 35 de 2025.
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